Le nouveau HP: de Haut-Potentiel à Hyper-Préfrontal
- 1. HP: une notion floue
- 2. La détection
- 3. A bas les étiquettes
- 4. l’Hyper-Préfrontalité
- 5. Le nouveau HP
1. HP: une notion floue
A l’origine, la définition du Haut-Potentiel se résumait à un score de 130 ou plus au test du Quotient Intellectuel. Les HP représentaient les 2% de la population les plus “intelligents”, une caste qui ne pouvait que réussir. Vu sous cet angle, seul un manque de travail, de motivation ou de sérieux pouvait mettre un HP en situation d’échec et lui seul pouvait en être tenu pour responsable.
Ces 20 dernières années, des psychologues ou autres coachs se sont de plus en plus vus adresser des enfants en situation d’échecs scolaires malgré un QI supérieur à 130. Ils ont donc, sur base de leur travail, développé une nouvelle approche, définissant alors le HP, non seulement comme ayant un QI supérieur à 130 mais aussi ayant un “mode de fonctionnement différent”.
Ce mode de fonctionnement comprenait, par exemple, la tendance à la procrastination, l’hypersensibilité ou encore une estime de soi fragilisée par ces échecs scolaires. En somme, il s’agissait d’une liste de caractéristiques qui amenaient alors incompréhension et malheur dans la vie du HP.
Dès lors, être HP ne prémunit plus de l’échec scolaire mais en devient même une cause. Or cette approche ne pouvait qu’être biaisée: la casuistique entraîne une généralisation du HP sur base des cas dont les problématiques les amènent à solliciter l’aide des spécialistes. Elle ne tient pas compte d’éventuels HP qui ne se trouveraient pas en situation d’échec et qui n’auraient donc jamais été reçus en consultation.
Ce courant a ensuite encore évolué pour ne garder, comme critère de détection du HP, que le mode de fonctionnement différent, sans tenir compte du résultat au test de QI.
2. La détection
Test de QI ou pas?
Écarter le test du QI des critères de détection du HP n’est pas dénué de sens mais pas sans danger non plus.
S’agissant du seul outil quantitatif et standardisé connu pour évaluer le fonctionnement cognitif, le test de QI permet une certaine forme d’objectivité dans la détection du HP.
C’est pour cette raison que ces tests servent toujours de base pour les institutions dans, par exemple, les procédures de reconnaissance de besoins scolaires spécifiques.
Néanmoins, un test de QI reste un test auquel le HP n’est pas à l’abri de sous- performer, globalement ou en partie, justement, nous le verrons plus tard, en raison de son mode de fonctionnement.
En outre, ne pas tenir compte de cette part subjective du vécu du HP en exigeant un test de QI avant toute reconnaissance de ses besoins revient, pour une institution comme un établissement scolaire, à ne donner un mouchoir à un élève qui pleure qu’après réception de l’avis de décès de son grand-père.
Si un résultat homogène supérieur à 130 peut être un indicateur fiable d’un mode de fonctionnement différent, un score inférieur ou considéré comme trop hétérogène ne doit pas de facto exclure la possibilité de se trouver face à un HP.
Des caractéristiques (trop) générales?
En excluant le test de QI, ce courant ne garde donc qu’une liste de caractéristiques générales qu’un entretien qualitatif permettrait de reconnaître chez une personne afin de déterminer si, oui ou non, elle entre dans la “case” HP.
La définition du HP se confond alors avec ces caractéristiques plus ou moins communes. Ce ne sont pourtant que des indices, des premières possibilités de détection pour éveiller une attention particulière si certaines attitudes se répètent, ou si elles deviennent problématiques.
Un HP possède rarement toutes ces caractéristiques et une personne qui présenterait ces signes peut aussi ne pas être HP.
Devant tant d’incertitudes et d’imprécisions, la détection s’avère alors éminemment subjective.
Face à une liste de descriptions aussi génériques, un peu comme un horoscope qui semble coller à tout un chacun, il est facilement possible de se fourvoyer. Le risque est grand de s’étiqueter, soi ou son enfant par exemple, HP au moindre signe de procrastination, d’échec scolaire ou d’hypersensibilité (notion elle-même également subjective) .
A l’inverse, le HP en questionnement sur son identité pourra se dire que ces caractéristiques sont présentes chez tout le monde et en conclure qu’il n’est pas plus HP que n’importe qui.
Ce flou en termes de définition et de détection, combiné à l’ultra médiatisation de la notion du HP ces dernières années, remplit les rues et les réseaux sociaux de HP parfois erronément autoproclamés et de HP qui s’ignorent.
3. A bas les étiquettes
A bas les étiquettes !
Être HP, ou se croire HP, et/ou se trouver dans des situations de questionnement n’est ni une condamnation à souffrir, ni une absolution, une excuse à réagir n’importe comment, n’importe quand, avec n’importe qui, en famille, en société, au travail ou ailleurs. Le HP ne dispose pas automatiquement d’un ticket gagnant pour vivre mieux, mais il n’a pas non plus vocation à être mal dans sa peau. Il aspire à être lui-même, avec ses qualités et ses défauts, avec ses atouts et ses faiblesses, avec ses apprentissages, ses expériences et ses croyances.
4. l’Hyper-Préfrontalité
Des questions sans réponse
Les définitions du HP que l’on trouve dans la littérature se bornent le plus souvent à constater les effets externes d’un mode de fonctionnement particulier, les caractéristiques du HP.
Aucune n’en explique l’origine et encore moins ses rouages internes en répondant à la question de ce qui se passe réellement dans la tête du HP entraînant ces caractéristiques.
Le HP aurait une pensée en arborescence? Pourquoi et qu’est-ce que cela signifie exactement? Pourquoi un QI de 134 impliquerait hypersensibilité et/ou procrastination? Pourquoi un HP, considéré comme intelligent, raterait à l’école?
L’apport des neurosciences
Les avancées en neurosciences et en imagerie cérébrale ont permis de mesurer, chez le HP, une plus grande connectivité neuronale, notamment dans le cortex préfrontal.
L’Approche Neurocognitive et Comportementale (ANC) créée par le Dr Jacques Fradin permet de mieux connaître le fonctionnement du cerveau. Les travaux de l’ANC combinent l’étude du cerveau et celle du comportement pour comprendre, par exemple, nos modes de pensées, nos motivations, nos émotions et nos comportements.
Cette approche met notamment en avant deux types de réactions du cerveau, deux modes mentaux que sont le mode mental Automatique et le mode mental Adaptatif. Le premier, situé dans la partie néo-limbique du cerveau, gère les situations simples et/ou connues. Le second, situé dans le Cortex Préfrontal, est sollicité lorsque nous sommes confrontés à des situations complexes ou inédites.
L’hyper-connectivité neuronale mesurée dans le cortex préfrontal du HP permet de postuler un troisième mode mental hybride, alliant automatique et préfrontal: le mode Hyper-Préfrontal.
C’est cette Hyper-Préfrontalité qui fonde le modèle utilisé à l’Académie des HP et donc l’objectif est de comprendre le fonctionnement du HP de l’intérieur, tout en proposant des pistes pour permettre d’agir.
5. Le nouveau HP
Du Haut-Potentiel à l’Hyper-Préfrontal
Pour faciliter la compréhension de tous, nous utilisons toujours l’abréviation « HP », y compris dans le nom de notre académie.
Par HP, il faut lire toute personne, indépendamment de son âge et de son sexe, qui se trouve dans une situation décrite comme relevant du mode Hyper-Préfrontal.
L’Académie des Hyper-Préfrontaux considère que:
la catégorie de personnes dénommées HP dans la littérature actuelle correspond aux personnes chez qui l’Hyper-Préfrontal est le plus souvent actif,
l’activation de l’Hyper-Préfrontal est possible plus ou moins fréquemment chez toute personne, avec une intensité variable,
la question de la détection peut donc être contournée si, en cas de situation problématique, la piste de l’Hyper-Préfrontalité est aussi envisagée,
l’Hyper-Préfrontalité ne doit pas être vue comme un moyen de catégoriser des individus mais comme une grille de lecture qui vise à “comprendre pour agir”,
le modèle de l’Hyper–Préfrontalité suppose qu’il existe toujours des moyens d’action visant à l’évolution personnelle,
Le concept “comprendre pour agir” rejette toute notion d’étiquette: il exclut, pour chacun, toute condamnation à subir sa “condition de HP” ou que celle-ci lui serve d’excuse à faire subir quoi que ce soit à qui que ce soit.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à nous contacter ou venir assister à nos séances d’informations.